Nous avons donné la parole à deux producteurs d’endives, deux amoureux de leur terroir, Alexandre Cuvelier à Sainghin-en-Melantois et Vincent Choteau sur Aix-en-Pévèle. Tous deux dans le Nord de la France. Ils nous parlent en toute transparence de leur métier, leur quotidien, leur exploitation…
Pourquoi avoir choisi ce métier de producteur d’endives ?
Alexandre Cuvelier nous répond très rapidement « Je suis né dedans ! J’ai 33 ans, et ça fait 70 ans qu’il y a de l’endive chez nous. Je suis dans l’exploitation avec mes parents et mes grands-parents, depuis mon plus jeune âge. » Pour lui, l’endiverie « c’est une vraie affaire familiale. Mon père est à la retraite, mais il est toujours présent pour nous aider, ma mère est mon associée, et ma sœur travaille aussi sur l’exploitation. »
Pour Vincent Choteau également, la culture des endives, c’est familial. Il nous répond « Par chez moi, c’est généralement pommes de terre et/ou endives et/ou vaches laitières et/ou viande bovine… L’endive est un peu historique car on avait le savoir-faire dans la famille ! Alors, j’ai repris le flambeau à mon père. »
Comment sont rythmées vos journées ? Existe-t-il une journée type dans la vie d’un producteur d’endives ou sont-elles toutes différentes ?
Sur une exploitation, nos deux producteurs sont d’accord, il y a toujours quelque chose à faire ! Lorsque ce n’est pas dans les champs, c’est pour la bonne gestion de l’affaire familiale. Vincent Choteau nous explique « La semaine, je me lève en général vers 6h et j’arrive sur l’exploitation vers 7h. Je mets les machines en route, je prépare un peu le travail de la journée… Et le soir, je termine vers 19h. Même quand tout le monde est parti, il y a toujours quelque chose à faire ! »
Et, cultiver des endives, ce n’est pas travailler 5 jours par semaine, de 9h à 18h. Vincent Choteau nous dit « Les week-ends sont un peu plus cool, quoique… Il y a toujours de la maintenance, des réparations ou encore de la paperasse. En plus, il faut toujours surveiller la pousse des endives et vérifier que tout soit en ordre. Qu’on soit mardi ou dimanche ».
Alexandre Cuvelier aussi a une « double vie » sur son exploitation : « Hier, il faisait beau, alors j’étais dans les champs. Aujourd’hui, il a plu, alors j’ai fait de l’entretien… En tant que patron, je n’ai pas vraiment de journée type ! Et c’est ça qui me plaît : ne pas avoir une journée pareille. Pour moi, il faut que ça bouge ! »
Et vous, Vincent Choteau, qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier ?
« Moi, le moment que je préfère, c’est vers septembre / octobre quand je dois semer les céréales*… Je fais du tracteur, et c’est ça le bon côté du métier : la détente dans les champs. Cela permet de voir les choses d’une autre façon. »
Cette grosse activité, c’est 365 jours par an ?
Dans l’exploitation d’Alexandre Cuvelier, « on produit toute l’année. Même l’été, on est toujours en activité. Si l’on plante une racine aujourd’hui, il faut qu’il y ait quelqu’un dans trois semaines pour la récolter. Même si c’est un dimanche. »
Pour Vincent Choteau aussi, « l’endive, c’est quasi 365 jours par an. Quand j’ai du temps libre, je trouve forcément quelque chose à faire dans l’endiverie. C’est aussi un peu mon tempérament ! » D’autre part, Vincent Choteau ajoute « l’endive par elle-même est hyper technique, hyper exigeante… On ne peut pas se louper ! Et il y a toujours quelque chose à apporter, pour améliorer le produit ou la façon de faire… Il y a un challenge quotidien à relever. »
Justement, nous sommes tombés sur cette citation : « La culture de l’endive est à l’image de ceux qui la pratiquent : dure et laborieuse » sur le site Le Monde – Chef Simon. Qu’en pensez-vous ?
Alexandre Cuvelier nous explique : « Dans notre exploitation, on fait de l’endive, de la pomme de terre, de la betterave à sucre, du blé, des haricots verts, du maïs grain… Pour les pommes de terre, on passe environ 30 heures à l’hectare, pour les céréales, environ 10 heures à l’hectare… Et pour l’endive, c’est 1800 heures à l’hectare. Le compte est vite fait : c’est l’endive qui nous prend le plus de temps. »
Vincent Choteau ajoute « Il est certain que la culture des endives n’est pas de tout repos. Pour ma part, j’ai un tempérament assez stressé et j’aime que tout soit parfait. La production d’endive demande beaucoup d’exigence et de précision. Si on veut réussir et surtout, gagner notre vie, il ne faut pas chômer ! »
Il ajoute « le gros du travail est la surveillance des températures, mais aussi et surtout, savoir anticiper les problèmes, que ce soit au champ ou en salle de forçage. Mais le suivi de la pousse et de la culture des endives en général, c’est le bon côté du métier. Le côté sombre est la gestion de la main d’œuvre… Gérer les absences, le recrutement, la formation des employés, l’administratif… Il faut toujours avoir un œil sur la vie de l’entreprise. »
Parlons un peu du futur, comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?
Du côté de chez Alexandre Cuvelier, « on essaie de mécaniser le conditionnement. Mais je ne suis pas encore décidé à tout mécaniser… Déjà, parce que ça pourrait nous faire ralentir. Pour tenir le même rythme, il nous faudrait une personne de plus, pour la maintenance de la machine. Mais aussi parce que mécaniser à outrance peut être mal vu… »
Selon Vincent Choteau, « l’agriculture a un sacré challenge à relever : il faut être garant de bonne qualité et puis il y a la reconquête et la fidélisation du consommateur. Trouver de nouvelles innovations… en termes variétales et gustatives. »
Il ajoute ensuite « Après, l’endive doit rajeunir son image et essayer de se faire consommer par les jeunes ! Je suis convaincu que Perle du Nord est la seule manière d’y arriver. »
Justement, cette Perle du Nord pour finir, comment vous l’appréciez, vous ?
Vincent Choteau nous répond « pour moi, c’est en gratin avec un petit vin blanc (avec modération bien sûr) ».
Quant à Alexandre Cuvelier, il nous confie « les conditionnements en sachet arrivent scellés jusqu’à moi, donc je ne peux pas prendre d’endive… Mais derrière, il y a toujours un plateau qui traîne. Et j’en prends toujours une, à croquer comme ça, nature ! Il peut être 8 heures du matin, je l’apprécie surtout comme ça. Après, en spécialité du Nord, j’aime les endives au jambon ou une bonne carbonnade avec des endives, en accompagnement et cuite au beurre. »
Merci à Vincent Choteau et Alexandre Cuvelier d’avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions, et merci de nous avoir fait entrer dans les coulisses de notre Perle du Nord !
*Car nos producteurs d’endives sont aussi producteurs d’autres produits (céréales, blé, betterave à sucre…).
Article rédigé par Mathilde Tay pour Perle du Nord.